Divines abeilles

Fervet opus redolentque thymo fragrantia mella…*

Les abeilles affairées, organisées, disciplinées, toujours prêtes au sacrifice pour la survie de la ruche, sont à l’origine d’une métaphore politique qui remonte à Homère. Virgile s’en empare dans ses admirables Géorgiques. « Glorieuses de produire leur miel », les abeilles incarnent les vertus romaines idéales, et la ruche préfigure une cité utopique fondée sur l’unité indivisible du corps social et sur un rapport fait d’équilibre et de frugalité à la nature. En des temps troublés, la régularité de ce microcosme évoque une paix des plus douces…

« Maintenant allons ! Je vais exposer les instincts merveilleux dont Jupiter lui-même a doté les abeilles, en récompense d’avoir, attirées par les bruyants accords et les retentissantes cymbales des Curètes, nourri le roi du ciel dans l’antre de Dicté (1).

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La Batrachomyomachie ou le combat des rats et des grenouilles

Jusqu’au XIXème siècle, les éditions des œuvres d’Homère ne se contentent pas de proposer au lecteur l’Iliade et l’Odyssée : elle font également figurer la Batrachomyomachie, qui fut longtemps considérée de la main du poète, malgré les doutes formulés par certains, dont Henri Estienne. Homère, auteur d’une épopée qui voit s’affronter des rats et des grenouilles ?… Ce combat parodique et fort drôle reprend les codes de la poésie épique et les détourne avec brio. Découvrez la raison d’une querelle dont les échos montent jusqu’à l’Olympe. Qui, des rats ou des grenouilles, l’emportera ?… Les paris sont ouverts.

Invocation aux Muses

« Muses, daignez abandonner les hauteurs de l’Hélicon, venez dans mon âme m’inspirer mes vers. Mes tablettes sont placées sur mes genoux, je vais apprendre à tous les hommes une grande querelle, ouvrage terrible du dieu Mars : comment les rats marchèrent contre les grenouilles, comment ils imitèrent dans leurs exploits ces mortels qui passent pour être les géants fils de la Terre.

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Peut-on manger la chair ?…

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πῶς ἡ ὄψις ὑπέμεινε τὸν φόνον σφαζομένων δερομένων διαμελιζομένων, πῶς ἡ ὄσφρησις ἤνεγκε τὴν ἀποφοράν… *

Faut-il manger les animaux, s’interroge l’américain Jonathan Safran Foer ? Plutarque lui répond, à quelques siècles de distance : non, et renchérit même : comment l’homme peut-il manger la chair, et le doit-il ?… Relisons l’incipit du Περί σαρκοφαγίας, en latin De esu carnium (« Sur la consommation de la chair », traité de jeunesse très mutilé extrait des Moralia), qui rejoint par ses interrogations plus morales que religieuses les questions qui se posent à nouveau à notre époque. Ces premières lignes se penchent sur le dégoût naturel que devrait provoquer le meurtre d’un animal et sa consommation : l’homme s’est-il donc éloigné de sa nature originelle, est-il donc devenu décadent, pour prendre plaisir à ce qui devrait lui faire horreur ?…

« Tu me demande pour quelle raison Pythagore s’abstenait de manger de la chair, mais au contraire je m’émerveille moi, quelle affection, quel courage, ou quelle raison eut donc l’homme qui le premier approcha de sa bouche une chair meurtrie, qui osa toucher de ses lèvres la chair d’une bête morte, et comment il fit servir à sa table des corps morts (…) et faire viande et nourriture des membres qui peu devant bêlaient, mugissaient, marchaient et voyaient.

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Bucéphale à la bataille de l’Hydaspe

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Equus Alexandri regis et capite et nomine Bucephalus fuit. *

Monture mythique, Bucéphale, cheval « à la tête de boeuf », ne fut dompté que par Alexandre qui comprit que le farouche animal était ombrageux – c’est-à-dire qu’il avait peur de son ombre- et l’apprivoisa en le faisant marcher face au soleil.

Selon la légende rapportée par Aulu-Gelle*, auteur des Nuits attiques, c’est lors de la bataille qui eut lieu près de la rivière Hydaspe, en juillet 326 avant J.-C. et qui opposa Alexandre à Pôros, râja indien du royaume de Paurava, que Bucéphale mourut par dévotion pour son maître. Alexandre fonda une ville sur son tombeau, Alexandrie Bucéphale ou Bucéphalie, aujourd’hui Phalia (Penjab).

« Le cheval du roi Alexandre s’appelait Bucéphale (« tête de bœuf ») et sa tête, en effet, justifiait ce nom.

Acheté 16 talents, selon Charès, il avait été offert au roi Philippe. Dans notre monnaie, cette somme représente trois cent douze mille sesterces.

Un premier fait concernant ce cheval mérite d’être rappelé : une fois harnaché et préparé pour le combat, il ne supporta jamais aucun autre cavalier que le roi Alexandre.

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Un antidote universel ?…

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Pour guérir de nombreux maux et poisons, quoi de mieux qu’un antidote composé de très nombreux remèdes? Voici le plus célèbre antidote de toute l’Antiquité : la thériaque.

Le nom « thériaque » signifie en grec « relatif aux bêtes sauvages » (ὁ θήρ), et de fait… l’un des trois ingrédients de base de la thériaque, outre le miel et l’opium, est la chair de vipère!

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