Mort héroïque d’un naturaliste

Iam navibus cinis incidebat….*

Pline l’Ancien, préfet de la flotte et éminent naturaliste, est en poste à Misène ; le 9 avant les kalendes de septembre de l’an 79, le Vésuve entre en éruption, et une nuée se forme, « ayant l’aspect et la forme d’un arbre et faisant surtout penser à un pin ». Tout d’abord intéressé par le phénomène naturel, Pline propose à son neveu, Pline le jeune, d’aller l’observer en bateau ; mais il reçoit entre-temps un billet d’une certaine Rectina, qui l’appelle à l’aide…

« Mon oncle change son plan et ce qu’il avait entrepris par amour de la science, il l’achève par héroïsme. Il fait sortir des quadrirèmes et s’embarque lui-même, avec l’intention de secourir, outre Rectina, beaucoup d’autres personnes (les agréments du rivage y avaient attiré bien d’autres visiteurs). Il gagne en toute hâte la région que d’autres fuient et vogue en ligne droite, le cap droit sur le point périlleux, si libre de crainte que toutes les phases du terrible fléau, tous ses aspects, à mesure qui’il les percevait du regard, étaient notés sous sa dictée ou par lui-même.

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Divines abeilles

Fervet opus redolentque thymo fragrantia mella…*

Les abeilles affairées, organisées, disciplinées, toujours prêtes au sacrifice pour la survie de la ruche, sont à l’origine d’une métaphore politique qui remonte à Homère. Virgile s’en empare dans ses admirables Géorgiques. « Glorieuses de produire leur miel », les abeilles incarnent les vertus romaines idéales, et la ruche préfigure une cité utopique fondée sur l’unité indivisible du corps social et sur un rapport fait d’équilibre et de frugalité à la nature. En des temps troublés, la régularité de ce microcosme évoque une paix des plus douces…

« Maintenant allons ! Je vais exposer les instincts merveilleux dont Jupiter lui-même a doté les abeilles, en récompense d’avoir, attirées par les bruyants accords et les retentissantes cymbales des Curètes, nourri le roi du ciel dans l’antre de Dicté (1).

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« Des astres qui inspirent la terreur »

HALLEY
Cometas Graeci vocant, nostri crinitas, horrentes crine sanguineo et comarum modo in vertice hispidas….*

Comètes à la crinière couleur de sang, en forme  de corne ou de tonneau, à la chevelure argentée, aux reflets de glaive, fatales et terrifiantes, météores flamboyants… Pline l’Ancien, dans ses Histoires naturelles, dresse un fascinant catalogue historico-astronomique de ces corps célestes. Les écrits d’Aristote attribuaient l’origine des comètes à des sécrétions atmosphériques qui s’enflamment occasionnellement. Plus tard, Sénèque a opposé à Aristote le fait que ces comètes ne sont pas affectées par le vent et ne peuvent donc être d’origine atmosphérique : ce sont donc des corps astronomiques. Pline ne tranche pas, mais, toujours rationnel et se gardant des superstitions, note qu’ « ils sont indépendants des causes variées, fruit d’une imagination subtile, auxquelles la plupart les attribuent »….

« XXII. Dans le ciel même, des étoiles naissent soudainement ; il y en a plusieurs espèces. Les Grecs appellent comètes, les Romains étoiles chevelues, des astres qui inspirent la terreur par une crinière couleur de sang, et qui semblent hérissés sur le sommet.

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