Vita contemplativa. Le bonheur selon Aristote

πολλοὶ γὰρ ταὐτόν φασιν εἶναι τὴν εὐδαιμονίαν καὶ τὴν εὐτυχίαν…*

Le bonheur dépend-il de nous ? Peut-on y prétendre et y consacrer nos forces, ou bien est-il réservé à quelques élus, favorisés par « le hasard ou la nature » ? Dans l’Éthique à Eudème, moins connue que l’Éthique à Nicomaque mais tout aussi essentielle et récemment réhabilitée, Aristote initie une réflexion, qui sera celle de toute la pensée occidentale, sur la responsabilité morale. Nous sommes maîtres et responsables de nos actions, et la décision de rechercher la « vie bonne » ne dépend que de nous et du soin que nous portons à cultiver la « vertu » (arétè). Mais peut-être faut-il déjà définir ce que l’on entend par « bonheur »?…

« Si l’on ne fait du bonheur que le résultat du hasard ou de la nature, il faut que la plus grande partie des hommes y renoncent ; car alors l’acquisition du bonheur ne dépend plus des soins de l’homme ; il ne relève plus de lui ; l’homme n’a plus à s’en occuper lui-même. Si au contraire on admet que les qualités et les actes de l’individu peuvent décider de son bonheur, dès lors, il devient un bien plus commun parmi les hommes ; et même un bien plus divin ; plus commun, parce qu’un plus grand nombre pourront l’obtenir ; plus divin, parce qu’il sera la récompense des efforts que les individus auront faits pour acquérir certaines qualités, et le prix des actions qu’ils auront accomplies dans ce but.

Lire la Suite